Arrivé à demeure il y a vingt-cinq jours, n’ayant plus rien d’urgent qui me sollicitait au-delà de l’appareillage de la nouvelle cuisine, peu dérangé par les routines, achat du bois, déblai de la neige ou livraison du mazout, je ne cessais de reporter mon choix. Ecrire ou attendre. Ecrire, mais quoi? Bien sûr, il faudrait — me disais-je — il faut, je pourrais, je pouvais et je peux toujours, mettre sur le papier, commencer de mettre sur le papier, ce travail d’enquête philosophique entrepris en juillet autour de Darwin, Calhoun (les rats de l’éthologie expérimentale) et Norbert Wiener, encore lui. Mais ce travail de réflexion traumatise. Il vous pêche le matin au saut du lit, ne vous lâche plus de la journée et vous poursuit toute la nuit, laquelle ne va pas sans accrocs. Plus encore dans la situation actuelle, cette merde programmatique qui nous tombe dessus, puisque c’est indirectement de cela dont il est, sera, pourrait être question. Donc, après avoir rangé 1000 kilos de bûches livrées par Marcos, le chasseur d’Araguís, j’ai ouvert un cahier chinois vert et j’ai écrit le premier chapitre de La table, histoire d’un Castillan du XVème siècle dont la couille gauche enfle si bien qu’il deviendra, devant le destin, et avec l’aide d’une rebouteux-alchimiste, un génie posthume de la “physique des mœurs” après avoir été repéré pour son talent: la construction de tables.