Début de journée difficile. Pour éviter la route à glissières qu’emprunte le traffic qui grimpe le col de Sarstein, je prends par un hameau. Trois villas, une ferme, une dernière fontaine puis la forêt: le chemin est si raide, que je dois descendre et pousser. Un véritable dessin animé. Le personnage pousse au-dessus de lui un vélo qui menace de l’écraser. Cela dure un, deux kilomètres, après quoi je retrouve la route principale, pédalant dans la fausse bordure à 6km/h tandis que me frôlent motos, voitures et camions. Les Autrichiens ne conduisent pas avec le flegme des bavarois. Ils foncent. S’engager dans les courbes, savoir que pendant quelques secondes l’on est dans l’angle mort et entendre la rugissement d’un moteur qui annonce une véhicule est une expérience effrayante. Au sommet, entren un tas de bois et un Gasthaus, je jure que je jetterai mon vélo dans un bus si je ne trouve pas de meilleur itinéraire. La descente me rassérène. En plaine, je cherche à nouveau mes repères. Voyager sans carte n’est pas la solution, mais comment transporter tant de papier? Reste le téléphone. Hors ligne, il ne donne que les directions importantes. Ici comme en Bavière, les piétons et les cyclistes que je croise me renseignent. Une dame m’indique l’ ”Alm”. Ce que c’est? Je l’ignore. Elle répète: “allez par là, à moins que ce soit fermé?”. Je longe une rivière, puis un lac de barrage. L’Alm est un défilé. Le chemin longe la berge. Plus loin, il est creusé au pied de la paroi. Plus loin encore, il prend d’assaut la montagne et passe des tunnels. A la fin, apparaît une autre vallée, celle de Gröming et Schaldming. A ce moment-là, j’ai 80 kilomètres dans les jambes. Il se met à pleuvoir, mais je n’ai pas le choix; crainte de me retrouver piégé comme hier dans une ville qui n’offre que des hôtels pour les colloques d’entreprises, j’ai réservé une chambre à Radstadt. Un tracé pour cycliste y conduit. Trente kilomètres d’une piste sablonneuse entre les bois et la Enns aux eaux limpides, un régal.