Autriche 3

Début de journée dif­fi­cile. Pour éviter la route à glis­sières qu’emprunte le traf­fic qui grimpe le col de Sarstein, je prends par un hameau. Trois vil­las, une ferme, une dernière fontaine puis la forêt: le chemin est si raide, que je dois descen­dre et pouss­er. Un véri­ta­ble dessin ani­mé. Le per­son­nage pousse au-dessus de lui un vélo qui men­ace de l’écras­er. Cela dure un, deux kilo­mètres, après quoi je retrou­ve la route prin­ci­pale, pédalant dans la fausse bor­dure à 6km/h tan­dis que me frô­lent motos, voitures et camions. Les Autrichiens ne con­duisent pas avec le flegme des bavarois. Ils fon­cent. S’en­gager dans les courbes, savoir que pen­dant quelques sec­on­des l’on est dans l’an­gle mort et enten­dre la rugisse­ment d’un moteur qui annonce une véhicule est une expéri­ence effrayante. Au som­met, entren un tas de bois et un Gasthaus, je jure que je jet­terai mon vélo dans un bus si je ne trou­ve pas de meilleur itinéraire. La descente me rassérène. En plaine, je cherche à nou­veau mes repères. Voy­ager sans carte n’est pas la solu­tion, mais com­ment trans­porter tant de papi­er? Reste le télé­phone. Hors ligne, il ne donne que les direc­tions impor­tantes. Ici comme en Bav­ière, les pié­tons et les cyclistes que je croise me ren­seignent. Une dame m’indique l’ ”Alm”. Ce que c’est? Je l’ig­nore. Elle répète: “allez par là, à moins que ce soit fer­mé?”. Je longe une riv­ière, puis un lac de bar­rage. L’Alm est un défilé. Le chemin longe la berge. Plus loin, il est creusé au pied de la paroi. Plus loin encore, il prend d’as­saut la mon­tagne et passe des tun­nels. A la fin, appa­raît une autre val­lée, celle de Gröming et Schald­ming. A ce moment-là, j’ai 80 kilo­mètres dans les jambes. Il se met à pleu­voir, mais je n’ai pas le choix; crainte de me retrou­ver piégé comme hier dans une ville qui n’of­fre que des hôtels pour les col­lo­ques d’en­tre­pris­es, j’ai réservé une cham­bre à Rad­stadt. Un tracé pour cycliste y con­duit. Trente kilo­mètres d’une piste sablon­neuse entre les bois et la Enns aux eaux limpi­des, un régal.