Jours de divagation voués à la lenteur. Je ronflais, Gala n’a pas dormi. Au réveil, il est tard, je surviens seul dans le salon. Gala, qui dans le cours de la nuit plusieurs fois m’a rabroué ratrappe le sommeil perdu et continue de tutoyer le noir. A cette heure prononcée, ont déjà fait l’ascension de notre montagne dix-huit funiculaires — il est passé midi. Bue la première tasse de café, le téléphone sonne, je travaille par la discussion à relever l’entreprise, sauver le revenu des ouvriers, glâner s’il est possible quelques francs pour complèter le généreux salaire de zéro franc que m’alloue l’Etat pour compensaer 12 ans de versements des cotisations sociales. Ensuite, content de quitter l’espace et le temps partagés, je me plonge une fois de plus dans les corrections de Notr Pays, bientôt interrompu par l’agent de presse de l’éditeur parisien qui me propose une interview en ligne avec un magazine branché. Rendez-vous pris (en ligne), je sors, gagne mon esplanade aux Chinois, commence mes singeries sportives; hélas un nuage stoppe au-dessus de ma tête, s’ouvre, il pleut. Je persévère, finis le cœur en chamade, m’essuie, me couvre et rentre dans l’immeuble Sirius. Alors m’appelle Monami. Mardi, le ton pressé, il m’enjoignait de licencier tous les employés redoutant que j’aie à honorer la faillite et les futurs licenciements sur ma fortune — je le rassure, fortune, je n’ai pas. Ce matin, il me parle de TM, mon livre précédent: “Bien, très bien, on est avec le personnage, on sent qu’il a vécu, j’ai aimé, tu en as d’autres comme ça?” Et ajoute: “si je n’avais pas lu ton bouquin auparavant, c’est que la couverture est une horreur. Sérieusement, qui voudrait prendre en main pareil truc?”. Satisfait de l’entendre dire, quelque peu agacé aussi (rien à voir avec l’interlocuteur, en ce moment parler au téléphone m’insupporte), je dis au revoir, je boucle. Descends au village, achète dans les magasins du duopole de l’émincé de poulet pour le curry malais du soir et du bourgogne épais car ces jours nous biberonnons, et un pain chrétien. Puis, selon l’habitude, façon monacale, je me place en face de l’écran de mon portable et plonge dans un excellent combat de MMA de la ligue UFC, moment inscrit sous le signe de la méditation, je veux dire de l’oubli du monde, en passe de se réduire à grande vitesse et médiocrement — honte à nous — à la société.