Estéthique mentale

Cet essai épatant de Sartre, L’Imag­i­naire, ne con­tient que des con­tre-vérités. L’in­ten­tion­nal­ité prise chez Husserl per­met de don­ner con­fig­u­ra­tion de sys­tème aux obser­va­tions (Sartre a‑t-il vrai­ment fait l’ex­péri­ence du regard intérieur, cela reste à voir) con­cer­nant les images men­tales, rétini­ennes, hyp­n­a­gogiques, pro­fondes. Mais cela n’a rien à voir avec un effet sec­ond de la volon­té. L’in­ver­sion cause-effet, où l’im­age est tou­jours l’ef­fet d’un vouloir-penser, alors même que nous croyons subir les effets de l’im­age, me sem­ble faux. Tou­jours est-il qu’il y a si peu de lit­téra­ture sur le sujet, que la théorie ne peut réelle­ment être démise: elle est pis-aller. Quand j’en aurai fini avec les qua­tre livres que j’ai en cours, je vais repren­dre ce sujet sur la base d’ex­péri­ences vécues (par moi). De fait, je ne sais pas s’il est pos­si­ble de décrire ce train d’im­ages qui se pro­duit une fois les yeux fer­més, dans cette phase exis­ten­tielle inter­mé­di­aire entre la veille et le som­meil. Cela, avant tout parce que le dou­ble posi­tion­nement exigé, obser­vant-observé, relève du para­doxe. Autrement dit, il faudrait con­sid­ér­er que le degré d’ex­péri­ence pos­si­ble est l’ex­péri­ence racon­tée, ce qui recon­duit le prob­lème typ­ique du rêve racon­té de la psy­ch­analyse. Quoiqu’il en soit, après passé trente ans d’un intérêt soutenu pour ce monde des mages intérieures, ma curiosité a été une fois de plus relancée hier, par le fait que je n’ai, au moins immé­di­ate­ment, trou­vé qu’une lit­téra­ture min­ime sur la “vision les yeux fer­més”, phénomène que je réus­sis régulièrement.