Mouvement 24

Fort brouil­lard. Les immeubles-chalets se dépla­cent à vue. A la fenêtre, sur un pré, trentes mou­tons, mâles et femmes, petits et adultes, bêlent. Pen­dant ma prom­e­nade, je par­le avec eux. Ces mou­tons ne méri­tent pas la répu­ta­tion qu’on leur fait: cha­cun a son ton de gorge, sa curiosité, son physique. Une fois quit­té de l’équa­tion l’a­bat­toir, ils me sem­blent bien plus dignes que ces “amis de l’homme”, fab­riqués en lab­o­ra­toire, dévelop­pés en apparte­ment, nour­ris aux poudres de pro­téine. Qui n’é­taient, à l’époque, la belle époque, avant la con­ner­ie générale, que “trente mil­lions”. Plus bas, accrochées à la pente, les vach­es écos­sais­es. Elles ruis­sel­lent. Est-ce la terre qui les retient? Et dans le choco­lat mou? Com­bi­en de temps sans déviss­er? Les pau­vres! Il faudrait mar­quer une pause, les met­tre au chaud. La péri­ode est idéale pour une expéri­ence d’étholo­gie. En temps de pandémie, per­son­ne n’y com­prenant goutte, la cré­dulité devient asymp­to­tique. Donc, chaque chien de récon­fort est échangé (“Ts, ts! Madame, nous ne nous basons que sur des critères sci­en­tifiques!”) con­tre une vache écossaise.