Fort brouillard. Les immeubles-chalets se déplacent à vue. A la fenêtre, sur un pré, trentes moutons, mâles et femmes, petits et adultes, bêlent. Pendant ma promenade, je parle avec eux. Ces moutons ne méritent pas la réputation qu’on leur fait: chacun a son ton de gorge, sa curiosité, son physique. Une fois quitté de l’équation l’abattoir, ils me semblent bien plus dignes que ces “amis de l’homme”, fabriqués en laboratoire, développés en appartement, nourris aux poudres de protéine. Qui n’étaient, à l’époque, la belle époque, avant la connerie générale, que “trente millions”. Plus bas, accrochées à la pente, les vaches écossaises. Elles ruissellent. Est-ce la terre qui les retient? Et dans le chocolat mou? Combien de temps sans dévisser? Les pauvres! Il faudrait marquer une pause, les mettre au chaud. La période est idéale pour une expérience d’éthologie. En temps de pandémie, personne n’y comprenant goutte, la crédulité devient asymptotique. Donc, chaque chien de réconfort est échangé (“Ts, ts! Madame, nous ne nous basons que sur des critères scientifiques!”) contre une vache écossaise.