Assis sur un tronc aux Mosses. A mes pieds, un ruisseau volubile. Cile vaste. Haut soleil. Au loin, bruit des motos qui chavirent dans les virages. Nous déballons du parmesan, des œufs, du lard. Aplo et Luv ont choisi une berge plate, dans l’ombre des sapins. De l’autre côté du ruisseau, derrière une racine mise à nue par le flot, on planterait volontiers une tente pour se tenir à l’écart du monde (et cesser d’entendre ses lamentos). N’était-ce le mal de ventre — ces jours lancinant — je profiterais pleinement de la sérénité de ce lieu, à la fois ouvert, tendre et brillant. En début d’après-midi, nous regagnons nos chambre, nous dormons. Au lever, le soleil est toujours aussi généreux. Sur le terrain du sanatorium, nous transportons un tapis, des haltères, des pots d’eau. Puis réalisons un programme complet, échauffement, bras-jambes, abdominaux. Du bâtiment d’école, fusent des rires anglais (chanque langue impose sa musique au rire). Mais nul ne s’aventure à l’extérieur, pas même de profil. Comme d’habitude, je demande: “que peuvent bien faire ces apprentis hôteliers coincés en chambre depuis six semaines, loin de leur Chine, Syrie et Japon? Soudain, confinée sous un parapluie, une gamine jaune longe prestement le terrain. Elle descend les 467 maches qui séparent le sanatorium de la succursale de Denner. Plus tard, dans les mêmes conditions, elle repasse serrant un paquet de chips sur la poitrine.