Mouvement 20

Gen­til ce voisin. Ou aimable. Je n’en sais rien, c’est Gala qui lui par­le, mais gen­til, oui, sans doute. D’ailleurs, de l’avis de Gala, mieux vaut que je m’ab­sti­enne autant que pos­si­ble de me présen­ter, d’a­gir, de faire, de dire. Car nous avions, une fois de plus, la police l’autre soir. Ce n’é­tait pas ma faute. “C’est ta faute!”, a dit Gala. “Tu aurais dû me laiss­er faire!”. Elle me con­naît. Je suis sou­ple. Plus ou moins. Elle croit me con­naître. Ce que j’en dis (cepen­dant): j’ai du plaisir à m’en­tretenir avec les deux-trois-qua­tre zom­bies qui arpen­tent le ter­ri­toire de notre sta­tion-refuge, dont moi-même; je me par­le, oui, jour et nuit. Avec les zom­bies, à la dif­férence des sujets que je fab­rique, nous par­lons de temps, de fer­me­ture, de chiens (les leurs), nous ne par­lons de rien. Cha­cun retourne ensuite dans son plac­ard. Soli­tude immense. Méritée. Quelle mal­adie? N’é­tait-ce pas le des­tin de notre Occi­dent? Soit, je me trompe. D’ac­cord! Je ne con­nais pas cette société. J’ai été éduqué sur les ter­rains sec­ondaires, en zone tiers-monde. Ce que j’en pense? Qu’il n’est pas nor­mal. Ici, n’est pas nor­mal. Fess­es ser­rés. Et cerveau. A vis­serie. Planète cubique. Pas nor­mal. Que nous. Soyons. Aus­si. Aus­si énergé­tique­ment pauvres.