Hotel Elimar à Rincón, lourd et droit, sur la plage. A l’ouest, la rade de Málaga puis la côte des retraités anglais; à l’est l’Espagne des fraises, des tomates et des Arabes sous serre: la mer de plastique. Notre chambre, la 606, est au dernier étage. Bâti pendant la crise par des maçons roumains et ivres, ce building a hérité de toutes les tares de la spéculation immobilière des années folles: portes de guinguois, trous dans le plâtre, joints tartinés, plinthes qui gondolent. Notre salle de bains est la plus mal foutue qu’il m’ait été donnée de voir: pour c…, il faut placer son fessier en travers de la chiotte car celle-ci tutoie le mur, quant au bidet, on jurerait qu’il a été jeté sur le carrelage comme un dé sur un tapis de jeu. Pour la vue, elle est splendide: nous sommes aux avant-postes. La mer d’Alborán s’étale devant nos yeux. J’oubliais, l’hôtel compte 300 chambres dont la moitié sont inachevées. Sans fenêtres ni balcons, traversées des mouettes, les chiens y dorment.