Impossible de rien écrire qui vaille, stocké depuis deux semaines dans l’arrière boutique entre tableaux, porcelaines et falots, le plus souvent enfariné de poussière; et comme de tout le jour je ne fais rien qu’attendre le soir, tirant à peine une fois par heure le drap de lit qui occulte la rue afin d’apercevoir un vivant lausannnois déambuler, la nuit tombant, à force de bière et de lassitude, je m’endors vite. Mais aussitôt je me réveille, ne dors plus et chaussant des lunettes lis trois quatre heures d’affilée la Correspondance de C‑A. Cingria avec son fère Alexandre (dans les éditions de l’Âge d’Homme), me délectant des voyages volubiles et de la misère savante du poète, incapable une fois rendormi de me lever avant midi ou midi trente, émergeant alors devant les ouvriers afficheurs qui compilent les listes de postes, comptent des rouleaux de scotch et chargent les flyers.