Plus d’une fois, à la faveur de la nuit, je me trouve dans un bâtiment brisé, portes et fenêtres au sol, au milieu de meubles tordus, sur un matelas qui me tient lieu de refuge et couché je regarde dans la rue conscient d’être de retour dans le seul monde qui me plaît, celui des squats, du grand désordre, pour constater alors, penché sur les trottoirs qui circonscrivent le bâtiment que le schéma d’occupation s’est élargi, que de plus jeunes que moi ont colonisé les alentours, qu’ils habitent le pied des façades, reposant, fumant, buvant, sans égards pour le reste de la société avec, par exemple pour ce couple que je ne connais pas, entre lui et elle, un bébé au front marqué d’une ecchymose que nul ne soigne, l’enfant, comme ses parents, squatter, ce que voyant je me dis:
-Ils ne pensent qu’au présent et ils font bien, pourquoi faut-il que je pense, encore et toujours, à l’avenir?