Bien sûr, j’aurai droit à l’anathème. Ce que les contrits réservent à l’imbécile (sur ce point, les contrits n’ont pas tort) qui dit à haute voix ce que l’on ressent, pense et, la main sur la bouche, parfois, critique. D’où l’utilité de cette anecdote. Il y a quatre ans, je donnais une lecture à Paris. Sorti de la bibliothèque, on m’emmène dans un bar, puis chacun retourne à ses occupations, c’est la fin de la journée obligatoire de “promotion de la culture”, on me remercie. Peu après, pris dans une petite foule toute africaine, je décide de prendre une photographie. Quelques énergumènes debout refilent du tabac au noir, assises sur leur robes nénuphars les femmes vendent des cacahouètes (je sais, on croit que j’invente). Je fais un cliché, essuie quelques insultes (un blanc? un policier!) et de l’hôtel j’envoie à une amie que je vois peu, qui me juge extrémiste, qui n’aime pas parler “de ça”. Elle répond: “à nouveau en voyage? Dans quel pays cette fois?”