Dans les milieux technophiles et argentés, américains surtout, le bouddhisme apparaît comme une religion de secours. Paradoxe étrange. C’est une philosophie de pauvres. Les techniques rudimentaires qui agencent les individus des sociétés du bassin du Gange (origine du Bouddha, et je met de côté l’acclimatation de la pratique en Asie du sud-est) rendent nécessaire, par mesure de sauvegarde psychologique, l’idée que à la fin du combat pour la survie du corps propre, la mort, n’est pas la négation du combat, mais l’abolition de l’effort, donc un positif, et bientôt, par mutation théologique, l’équivalent de l’ataraxie grecque ou du paradis génétique, alors que la mort n’est ni ceci ni cela, elle n’est pas sensée, elle est — positivement — rien. Ce que les technocapitalistes d’ailleurs répètent à l’envi, du moins lorsqu’il s’agit d’engranger des investissements pour dépasser le rien.