Journaliers

Longue pluie sur Agrabuey. Le pois­son­nier qui nous vient les mer­cre­dis de Saint-Sébas­t­ian a mis la capuche. Un toit est en réfec­tion près des anci­ennes écoles. Même équipe que sur mon chantier, le maire, l’a­bat­teur et José, l’aide aphone, la clope au bec. Un livre dans mon cabas (La dimen­sion caché, un traité d’étholo­gie), j’at­tends mon tour pour acheter oignons doux et morue, olives et cit­rons. Mais n’ose lire. L’après-midi, je fais de la corde à sauter sur la piste de pelote basque; le soir je reçois Fran­cis­co, le savant du vil­lage, his­to­rien, écrivain et chercheur, qui me dit: “j’en­quête sur le cerveau, sa taille, l’évo­lu­tion des mesures et j’ai la con­vic­tion que Dieu n’ex­iste pas: il s’ag­it d’une idée pro­duite par notre capac­ité de con­nais­sance”. Plus tard, retour aux con­stantes: com­bat de MMA entre Magomed­sharipov et Bochni­ak, un chef d’oeu­vre de vio­lence et de déter­mi­na­tion. Puis apaisé, je lis Mon­taigne (Voy­ages) et Dos­toievs­ki (L’id­iot) — sur­pris dans ce dernier cas du change que don­nait, en cette époque reculée de déca­dence du tsarisme, la parole, apte encore à fonder un statut et un rap­port financier.