Réhumaniser

Ces derniers jours, j’ai retrou­vé mon opti­misme. Jamais il n’avait dis­paru. Il est infor­matif. Et direc­tion­nel. Il est fon­da­men­tal. Il était en berne. Je tra­vail­lais le noir depuis 2016, l’an­née où j’ai quit­té Fri­bourg et la Suisse avec le sen­ti­ment dégoûté que nous allions, tous, vivre dans un zoo; que les cages se fer­maient; que les gar­di­ens pre­naient l’u­ni­forme. Quit­té la Suisse d’un geste com­pul­sif, vers Makas­sar, là où per­son­ne en va (Nord de l’In­donésie), et pour cause — j’en ai déjà fait état, ici, dans ce Jour­nal. Donc, dis­ais-je, cette tra­ver­sée engagée con­tre les sché­mas délétères de néga­tion de la cul­ture pro­pre, du plaisir, de la lib­erté, du plaisir de vivre, s’achève. Aujour­d’hui, voy­ant ce que l’on voit quand on ne ferme pas les yeux sous l’ef­fet de la veu­lerie, je me réjouis: nous sommes au bout; cela ne peut dur­er; l’é­clate­ment est proche. Nous allons ressur­gir. Man­i­fester notre human­ité pro­fonde. Vouloir ce que doit vouloir un vivant: réalis­er une expan­sion intérieur, c’est-à-dire s’aug­menter par des moyens per­son­nels, authen­tiques, jouer de nos pos­si­bil­ités spir­ituelles — ressur­gir. A la clef, des com­bats. Hélas néces­saires avec, en chemin, la mort des fos­soyeurs, le plus sou­vent des débiles physiques ou men­taux. Qui? Poten­tielle­ment vous, moi, quiconque a, par ambi­tion ou naïveté, cau­tion­né, servi, ou pour les plus idiots défendu, le sys­tème de mise sous pres­sion des lib­ertés (dans ce dernier rang, pléthore de politi­ciens peu aguer­ris). Mal néces­saire que cette mise à mort sym­bol­ique des auteurs du mal pro­duit, et pro­duit en toute inno­cence (faire le mal faute de réfléchir n’ex­onère pas de la respon­s­abil­ité). Après quoi il s’a­gi­ra de se grandir. Sans Dieu. Sans les peu­ples qui cèdent au ver­tige de Dieu. Et sans idol­âtrie. Sans utopie sociale. Autant de mau­vais principes, autant de fac­teurs de pou­voir accru, autant de con­trôle néfaste des uns par les autres. Se grandir à par­tir de soi. Lente­ment. Pour cha­cun à la mesure de ses moyens. Se réhumaniser.