Images

L’im­age est lente — l’im­age dynamique, veux-je dire. D’au­tant plus lente à traduire du sens qu’elle est mécanique­ment rapi­de. Un tableau de Piero dela Francesca (quand bien même le con­tem­pla­teur ne saurait rien de l’i­cono­gra­phie chré­ti­enne) porte plus de sens qu’une brève séquence de film nar­rant cinquante événe­ments. C’est donc la poésie, en tant que développe­ment par le sujet du sens enfoui dans l’ob­jet, qui fait le sens. De ce point de vue, le tra­vail de mise en forme ludique du monde par le sys­tème améri­cain des images est une ten­ta­tive dés­espérée (et destruc­trice, et autode­struc­trice, qui donc fini­ra par dis­paraître) d’in­téress­er le spec­ta­teur à un objet que la vitesse a vidé de sons sens.