Hoquets

Epou­vantable hoquet hier dans la nuit. Epou­vantable n’est pas un mot lit­téraire: j’avais peur. Ayant bu de fortes quan­tités après ces quinze jours à l’eau, le corps sec­ouait. Ne sachant que faire — les spasmes durent, les poumons con­tractent, le gorge brûle — je sors du lit, ren­verse ma bouteille, éponge, sors dans la cour aux ani­maux, trou­ve ma corde à sauter et de retour dans la cham­bre saute. J’ai dans l’idée de réguler la res­pi­ra­tion en l’ac­célérant — ça ne marche pas. Le hoquet per­siste. Je me con­tor­sionne. J’émets des bruits, je râle, je soupire, je souf­fre. Le hoquet, le hoquet. Dans cet état, me dis-je, mieux vaut mourir. Le jour où cela se pro­duira à grande échelle, me dis-je, il fau­dra se tuer. Pour l’heure, je ne sais com­ment faire. Je vais à la salle de bains, au jardin, dans la nuit, à l’é­tage, au rez, jurant, cri­ant, hoque­tant; je parie que dans le silence des heures on m’en­tend dans toute la ferme. Au bout de cinquante min­utes, l’épou­vante ren­tre dans le corps, il se tait. Les bras m’en tombent. Epuisé, je regagne le lit, me ren­dors. Ce matin, au réveil, à midi, nou­veaux hoquets. Démon­té, je vais au petit-déje­uner. Gala m’ac­cueille:  “Tu es là, tu es là,? J’ai cru que tu mourrais!”.