Agenda

Mar­di dernier, dans la soirée, je m’in­stalle à mon bureau avec un sand­wich, j’ap­pelle mon col­lègue de tra­vail à Fri­bourg. Pen­dant la con­ver­sa­tion, je regarde tour à tour le feu, mes pré­parat­ifs de vélo, la rue.
- Tu veux pren­dre note de prochains dates pour les ren­dez-vous téléphoniques? 
J’énonce : le 29 avril, je suis à Huesca, le lende­main à Malaga…
- Attends, dit mon col­lègue, le 29, c’est aujourd’hui. 
Il a rai­son. Il est vingt heures, je suis à Agrabuey alors que je devrais être à l’hô­tel en attente du train du matin. 
Je rac­croche, je cherche. Les bus? Le dernier est par­ti de la ville voi­sine il y a une heure. Chez le voisin, la porte est ouverte, mais il n’y a per­son­ne. Je ques­tionne l’or­di­na­teur. Les tra­jets comme les cham­bres, sept nuits, sont des réser­va­tions fer­mes. J’ap­pelle un taxi de cam­pagne. Pas de réponse. En fin de soirée, je trou­ve une autre com­pag­nie. Le chauf­feur s’ap­pelle Pedro. Nous pas­sons aux poubelle, nous pas­sons le col, nous roulons cent kilo­mètres puis encore trente. Le chauf­feur a trois filles. Nées le même jour. Toutes à l’u­ni­ver­sité. Il aimerait voy­ager. Sa femme ne veut pas. Il a trou­vé le truc. Il est chauve. Il ira à Istam­boul pour une implantation. 
- Vous êtes le can­di­dat idéal, me dit-il, c’est le moment, il vous reste assez de cheveux.
Nous par­lons de la Thaï­lande, de Tor­re­vie­ja (il y pos­sède un apparte­ment), de San Sebas­t­ian (il y pos­sède un appartement.) 
- Pen­dant la crise, j’ai acheté tout ce que je pouvais. 
A Huesca, nous sommes amis.
- Bon Alexan­dre, on fait comme on a dit, dès que je ren­tre de Turquie, je t’ap­pelle et je te mon­tre le résultat.
Con­tent d’avoir rat­trapé mon oubli, je par­le plus et mieux qu’à mon habi­tude. A l’hô­tel Lizana, le patron:
- Ah, c’est vous! Et en taxi! Pour la peine, je vais vous don­ner notre plus grande chambre. 
A l’é­tage, je me retrou­ve avec six lits.