Nuit

Agrabuey — vaine­ment, j’es­saie de dormir. Sous ma fenêtre, à qua­tre heure, une oiseau chante. Sans arrêt, il chante. Mille fois, je me tourne. Jouant avec les images qui défi­lent sous les paupières, je veux chas­s­er les mots qui font phras­es pour trou­ver le som­meil, Plusieurs fois, je crois y par­venir. J’é­choue: l’oiseau est là — il chante. Puis je m’en­dors. La police m’in­ter­pelle. Un femme se tient en bas du talus. Je m’ap­proche et lui tiens ce dis­cours: “Voyez, la police m’ar­rête. Mais j’ai un apparte­ment avec vue sur la mer (en même temps, je pense, “il n’y a pas de mer”, mais mon toupet lui fera croire le con­traire). Nous irons ensem­ble. Vous êtes belle! — Mer­ci — Très belle! Moi, je suis ici et là. Où la police veut que je sois. Et je vous con­nais. Vous étiez à la sta­tion de bus de Saragosse (la veille, j’é­tais à Saragosse, il y avait une femme russe accom­pa­g­né d’un Russe au pro­fil maffieux), mais aus­si, vous avez dû oublié, à Moli­na de Aragon, c’é­tait l’an dernier (l’an dernier, à cette époque, j’é­tais en effet à Moli­na,). Bref, un rêve far­felu, n’é­tait-ce que pen­dant ce dis­cours je garde la per­cep­tion des lim­ites de la cham­bre, je sais que je rêve, j’en­tends l’oiseau qui chante. Au réveil (trois heures de som­meil), l’av­o­cat Diego m’at­tend dans la rue du Vil­lage des champs, nous sau­tons sur nos vélos, grim­pons le pre­mier col. A la fin de la sor­tie, 60 kilo­mètres et 1600 mètres de dénivelé parcourus.