Avant-veille de séquence

A Lau­sanne avec Evola. Je pré­cise: “ne faisons pas trop tard”. Car j’ai le ven­dre­di, en fin de mat­inée, ren­dez-vous avec Olof­so et les enfants que je n’ai pas vu depuis six semaines. Des bières à la main, nous pré­parons notre itinéraire de mai depuis Kiev. Au bout du fil, sur haut-par­leur, Mon­a­mi. Je sug­gérais d’aller à Chisin­au, en Mol­davie, en car. Il pro­pose de sen ren­dre à Lviv en train. Sur la carte qui s’af­fiche à l’écran, Evola pointe Cra­covie. Puis nous par­lons de Tch­er­nobyl. Y aller, n’y aller pas? Jeter ses chaus­sures après la vis­ite? Néces­saire! Affirme Mon­a­mi. Et les bus qui font la navette? Sont-ils irradiés? Je tranche: pas intéressé. Evola veut emma­gasin­er des images, Mon­a­mi tester ses comp­teurs Geiger. Nous ver­rons. Et le tra­jet en train? Pourquoi pas Bratisla­va? J’ac­qui­esce mais indique à Mon­a­mi qui par­le d’aboutir à Vienne, que j’évit­erai: cete cap­i­tale m’a tou­jours sem­blée la plus dép­ri­mante d’Eu­rope. Sans compter qu’elle doit être mas­sive­ment african­isée. Les Autrichiens étant les seuls tem­péra­ments con­géni­tale­ment portés au fas­cisme sur le ter­ri­toire de la vieille Europe, on devine ce que l’op­po­si­tion a dû importer avec l’aide des bureau­craties. Fin de la con­ver­sa­tion. A délibér­er. Nous éteignons le télé­phone. Evola pro­pose alors d’aller boire devant la bou­tique, sur le trot­toir. Nous tirons deux chais­es. La tem­péra­ture est print­anière, c’est un soir de fête, demain débute le week-end pas­cal. Les pas­sants s’ar­rê­tent, salu­ent, nous offrons des ver­res. A trois heures du matin, nous sommes tou­jours dans la bou­tique, avec un ami de ren­con­tre, locu­teur ivre et bril­lant, qui me tire le por­trait au Polaroïd et orchestre des rela­tions inouïes dans le trio à force de ques­tions, de provo­ca­tions et de jeux.