Armée

Chaque jour plus éton­né: mon fils aime l’ar­mée.
1985 — pre­mier jour sur la place d’ap­pel des fortins de mon­tagne au-dessus de Saint-Mau­rice, le sou­venir est encore frais. Le capo­ral affec­té à la demi-sec­tion nous fai­sait saluer. Il rec­ti­fi­ait la main. Plus oblique, moins plane. Encore. Chang­er la diag­o­nale. Et recom­mencer. Pen­dant une heure, je me prê­tais au jeu. Je ne doutais pas que ce fut une humil­i­a­tion con­certée. Lorsque le sys­tème entier eut été exploré par le sous-offici­er et dénon­cées les posi­tions géométrique­ment fauss­es dans lesquelles pou­vait se four­voy­er la recrue, je jugeais que nous avions atteint le but de l’ex­er­ci­ce et, men­tale­ment, m’ap­prê­tais à ren­tr­er chez moi. Le per­son­nel me prit en tenaille:
-Vous êtes dis­trait!
-Ce n’est pas comme ça que ça se passe!
-Dis-lui!
-Venez ici recrue!
Et de me faire enten­dre que “ce n’é­tait pas un jeu”. Je me sou­viens de ce que je ressen­tis dans cet instant. Un coup d’as­som­moir. Ain­si traduit : cette mas­ca­rade va dur­er qua­tre mois! Et j’en suis.
Aus­si ne puis-je que m’é­ton­ner du con­tente­ment d’Aplo.