Avec l’expérience, je dirais que la femme a raison: l’homme est un adolescent. Il prend vie dans une chambre, y fait entrer quelques objets de son choix, crée un agencement, l’anime. Soudain, il est chassé de sa retraite. Le plus souvent par le père, lequel a lui-même été chassé par un père. La réaction est sans gravité. Chassé, il est confisant, il reviendra. Mais la chambre disparaît, la géographie devient incertaine. Alors il se met en quête et porte ce désir, absurde, de retrouver ce qui a été perdu et convenait. Il prend ses responsabilités. Elles sont énormes. Car des hommes qui ont perdu des chambres, il y en tant et plus que des chambres perdues. En chemin sont les femmes. Elles quittent peu les intérieurs: on ne peut pas entretenir l’intérieur et le bâtir, c’est à dire se trouver à l’extérieur. Certes, elle en partent aussi, mais ne marchent pas: prochaine porte. L’expérience de l’homme, c’est cela, le contraire, l’errance, la pénible remontée d’un courant que nul n’aurait cru aussi fort. Et quand enfin il trouve à se jeter sur le côté, que fait-il? Il prend une maison ou n’importe quoi, y met une chambre et ne rêve que d’une chose, claquer la porte: c’est ce moment que choisissent les femmes pour le traiter d’adolescent.