Route

Longue route. Mil deux cen­tre kilo­mètres entre hier et aujour­d’hui. Ce même sen­ti­ment tou­jours: ce que je fais? Que fais-je? Je con­duis. Fonde­ment de la peur. A cent trente, cent-cinquante. Alors je freine. Et accélère. M’in­quiète de cet appareil­lage avec la machine. Je baisse la vit­re pour me sou­venir: je suis vivant. Au milieu du désert. Jaén, ses oliv­eraies. Le Nord de Grenade, la sier­ra de Guadix, les moulins de la Manche. Tolède, le périphérique ser­ré de Madrid-M50, puis les ter­res rouges, apach­es, gitanes, troglodytes de Med­i­naceli et San­ta-Maria la Huer­ta près de Soria. Me pen­chant au-dessus des pont j’aperçois les chemins, les riv­ières, les hameaux tassés, oublieux cou­rus à vélo en mai. Puis le col Mon­ré­pos, en Aragon, passé seul, en pole posi­tion, à quinze heures, tout le monde mange. Et de loin, je vois, je devine, j’at­teins sous la grêle, ma mai­son, Agrabuey.