Adolescence

Enfin à l’âge où je vais faire ma cham­bre d’ado­les­cent; pour mon grand bon­heur, cer­taines pas­sions retardées sont tou­jours vives — les mains suff­isent. Quand mes enfants quit­teront le domi­cile, je vais illus­tr­er une pièce. Cette pièce sera dédiée à la mémoire tra­vailleuse. Elle fonc­tion­nera comme une exten­sion de la per­son­nal­ité, pièce que je dénomme ado­les­cente car elle per­met à celui qui l’oc­cupe de visu­alis­er ses choix, ou jalons ou obses­sions, après accrochage con­tre les parois de la cham­bre (une pièce devient cham­bre après soin). Ces accrochés sont autant de rap­pels, de volon­tés, de pré­ten­tions que l’on a tout loisir de raison­ner sous forme de caté­gories. Donc je sus­pendrai, organ­is­erai, accrocherai, dans le désor­dre, à force de clous, sur les ver­ti­cales, afin que survi­enne dans le cours de la con­tem­pla­tion un ordre, mes livres, mes haches, mon matériel de vélo, mes tableaux religieux, ma col­lec­tion de cail­loux, mes vingt-trois Casio, mes cordes à sauter, mes skate­boards, trois ency­clopédies, une pile de car­nets vierges.