Visite attentive des galeries égyptiennes du musée archéologique. A quelques rues, la file d’attente pour les splendeurs des Offices s’étire sur cinq cent mètres, ici c’est le silence. Étonnants sarcophages de bois peints ouverts sur des momies entières, au milieu de collections rapportées par le disciple italien de Champollion, Ippolito Rosellini. Ce que je peine à comprendre c’est comment des vestiges de trente siècles et plus sont mieux conservés que des poteries étrusques ou romaines. Affaire de matériau et de techniques j’imagine (quel futur pour les vestiges modernes ?) : un érudit balayerait la remarque en un tournemain. Tout de même, ce chariot royal qui semble prêt à servir aux champs? cette urne canopique comme neuve? Bref, je me suis avancé dans ces pièces construites en enfilade où régnait une pénombre jaune. Les vitrines étaient pleines d’amulettes, de bas-reliefs, de papyrus. Plus loin, un panneau expliquait la technique de l’embaumement. Pour exemple pratique, un crocodile sous bandelettes, un specimen jeune, de la taille d’une miche de pain. C’est alors que je remarque de dos une surveillante assise sur une chaise. La même que dans une autre partie du musée. Elle pianote sur son téléphone, je ne vois que sa chevelure, mais je la reconnais, c’est la dame qui était assise dans la première salle, et dans la même posture. Aussitôt je conclus: s’il y a deux gardiennes identiques, ce sont des jumelles. Pour en avoir le cœur net, je reviens sur mes pas. A la place qu’occupait la première gardienne, il y a désormais un homme. Discrètement, alors que j’étais penché sur les momies, un tournus a eut lieu.