Coffre

 L’air con­di­tion­né, c’est la toux, le rhume, la grippe. Nous sommes dans le Gard, il fait trente degrés. Gala a chaud. Moi aus­si. J’ou­vre ma fenêtre, Gala ferme la sienne. Elle ouvre, je ferme, ain­si de suite. Mais avec le vent, nous n’en­ten­dons plus la musique.
-Arrête-toi, dit-elle, je me désha­bille.
L’aire de repos est sat­urée de voitures. Je gare sur une place hand­i­capés. Gala descend, ouvre le cof­fre (il est à cinq mètres du siège con­duc­teur). Les autres voyageurs man­gent, fument, regar­dent le soleil et les poubelles, changent les enfants, se regar­dent, nous regar­dent.
-Tu ne peux pas te chang­er dehors au milieu de ce monde, fais-je à Gala
-Alors je me désha­billerai dans la voiture.
Con­tact. Je démarre, je recule.
-Qu’est-ce qu’ils ont ces imbé­ciles à nous regarder?
-Ce sont des imbé­ciles, répond Gala.
-D’habi­tude, ils ne sont pas si nom­breux. Là, tous nous regar­dent!
J’ac­célère pour engager la voiture entre deux camions lorsque je vois que le cof­fre est resté ouvert. Une porte ver­ti­cale, au-dessus du plan, mod­èle jeep, les affaires prêtes à gliss­er. Je plante sur les freins, me pré­cip­ite avant que le camion suiv­ant ne déboule sur la piste d’ac­cès. Quelques sec­on­des de plus, nous per­dions sacs et valis­es sur l’au­toroute.
-Nom de dieu! Homi­cide par nég­li­gence, ça va chercher dans les com­bi­en? D’ailleurs, j’ai remar­qué, je sais! Jamais tu ne fer­mes les portes. Je les ouvre, tu pass­es. Comme une princesse! Bor­del! Nous allons mourir!