1978

A Moli­na de Aragón, un café vétuste, plus exacte­ment vieux et jamais reto­qué, mais que je date sans hésiter, en rai­son du con­tenu, celui-ci cor­re­spon­dant pré­cisé­ment à l’an­née où, en Espagne, dans la région de Madrid, avec mes copains d’autre­fois, je com­mençais de fréquenter les bars, savoir l’an­née 1978: tourni­quets à cas­settes offrant la musique de Bon­ney M., Calderon de la Bar­ca et Gary Glit­ter, out­res en peau de cochon et can­i­fs de gitans, tau­reaux minia­tures, affich­es élec­torales de Fuerza Nue­va et le patron, habil­lé comme à l’époque, gilet de laine sans manch­es sur la chemise à rayures, pan­talon gris plis­sé, mocassins à pom­pons, allant sur ses qua­tre vingt ans. A la télévi­sion passe une série sur l’hôpi­tal. Sans jeu de mots: la vie de l’hôpi­tal. Les patients con­fient leurs prob­lèmes au doc­teur, dépres­sion, can­cer, jambe cassée, toux, puis le doc­teur, s’adres­sant directe­ment au téléspec­ta­teur, répète son diag­nos­tique, jugeant sur le ton de la con­fi­dence pro­fes­sion­nelle des chances que le patient a de se tir­er d’affaire.