Sanz de retour de Saragosse me dit qu’il y faisait vingt-sept degrés. Ici, à mil mètres, il en fait dix de moins, mais surtout ce sont ces pluies; elles vont, elles viennent, la terre ne sèche pas. Chaque fois que je m’installe au jardin, les nuages fondent sur la vallée, le ciel se brouille, il tombe des gouttes. Le temps de réunir ses affaires, c’est l’averse. Je pense à mon voyage à vélo. Il y a deux ans, nous partions à la même époque d’Aveiro dans le nord du Portugal; mal nous en prit. Entre les neiges, les grêles et les tempêtes d’eau, nous avons eu froid, froid et froid, au point — cela ne nous ressemble pas — de renoncer après 500 kilomètres. Nos habits avaient le poids d’une serpillère, dès les premiers tours de pédaliers, nous tremblions. Pire, les routes étaient dangereuses. Sur les descentes, le vent qui soufflait en rafale nous obligeait à ralentir, parfois à marcher pour ne pas tomber dans les ravins (les vélos flanchaient sous le corps). Après-demain, passée la première cordillère, la plaine sera chaude et ensoleillée — voilà ce que je me dis. Et aussi: c’est l’Espagne, le mauvais temps, oui, mais cela ne dure pas (en Suisse, sachant ces conditions, je me retiendrais de prendre le départ).