Nous en 2030

Dans ce livre étrange qui mêle fic­tion, analyse tech­nique et poli­tique mar­ti­enne, D‑P. De Sudres évoque le rap­port de Lawrence d’Ara­bie à ses enne­mis, insis­tant sur sa capac­ité sur­na­turelle à déjouer les atten­tats fomen­tés con­tre lui (l’Anglais se baisse pour renouer son lacet alors qu’un tireur d’élite vient d’ap­puy­er sur la gâchette, il fait sauter un pont manuelle­ment se sac­ri­fi­ant dans l’at­ten­tat, mais les déto­na­teurs résis­tent, etc.), pour soutenir en mys­tique que celle-ci découle de la néces­sité du des­tin à s’ac­com­plir, ici uni­fi­er des nations arabes déchirées, assenant pour preuve ce fait qu’aus­sitôt après avoir quit­té l’ar­mée pour retourn­er à la vie civile, l’of­fici­er périt dans un banal acci­dent de moto­cy­clette. Expli­ca­tion out­rée et à forte valeur émo­tion­nelle que je ne suis pas loin de cau­tion­ner, per­suadé que de telles phénomènes spir­ituels influ­en­cent de leur éner­gies, dans l’art par exem­ple, mais encore dans l’aven­ture, les actions pour lever les obsta­cles et les con­duire à leur terme. Ce qu’on pour­rait dans un con­texte théologique — le vocab­u­laire des dif­férents lex­iques recoupant à mon sens une seule et unique réal­ité — qual­i­fi­er de “foi”. Un expéri­ence intéres­sante en admin­istre sem­ble-t-il la preuve. Elle est dite “effet mou­ton-chèvre”. Soumis au test de Zen­er qui con­siste à devin­er quelle carte va être tirée d’un jeu, deux groupes, les mou­tons et les chèvres, sont con­sti­tués d’une part d’in­di­vidus ratio­nal­istes, d’autre part de cré­d­ules. Les suc­cès sont sig­ni­fi­cat­ifs d’un côté, médiocres de l’autre. Plus que cela, l’ex­péri­ence pra­tiquée sur la durée, les indi­vidus rationnels obti­en­nent des résul­tats au-dessous de la ligne de base du hasard. Hier soir, je regar­dais un film de ciné­math­èque de l’an­née 1965, Les grandes gueules. Jean-Claude Rol­land y inter­prète le rôle d’un ex-pris­on­nier joueur et tricheur invétéré. Son amante (Hénia Suchar,  mon idéal féminin) l’ayant quit­té en rai­son de ce vice et menaçant de le quit­ter encore lorsqu’elle s’aperçoit qu’en dépit de ses promesse il s’adonne tou­jours au jeu, celui-ci brise ses dés à la hache. Un jour plus tard, il meurt.