Dans ce livre étrange qui mêle fiction, analyse technique et politique martienne, D‑P. De Sudres évoque le rapport de Lawrence d’Arabie à ses ennemis, insistant sur sa capacité surnaturelle à déjouer les attentats fomentés contre lui (l’Anglais se baisse pour renouer son lacet alors qu’un tireur d’élite vient d’appuyer sur la gâchette, il fait sauter un pont manuellement se sacrifiant dans l’attentat, mais les détonateurs résistent, etc.), pour soutenir en mystique que celle-ci découle de la nécessité du destin à s’accomplir, ici unifier des nations arabes déchirées, assenant pour preuve ce fait qu’aussitôt après avoir quitté l’armée pour retourner à la vie civile, l’officier périt dans un banal accident de motocyclette. Explication outrée et à forte valeur émotionnelle que je ne suis pas loin de cautionner, persuadé que de telles phénomènes spirituels influencent de leur énergies, dans l’art par exemple, mais encore dans l’aventure, les actions pour lever les obstacles et les conduire à leur terme. Ce qu’on pourrait dans un contexte théologique — le vocabulaire des différents lexiques recoupant à mon sens une seule et unique réalité — qualifier de “foi”. Un expérience intéressante en administre semble-t-il la preuve. Elle est dite “effet mouton-chèvre”. Soumis au test de Zener qui consiste à deviner quelle carte va être tirée d’un jeu, deux groupes, les moutons et les chèvres, sont constitués d’une part d’individus rationalistes, d’autre part de crédules. Les succès sont significatifs d’un côté, médiocres de l’autre. Plus que cela, l’expérience pratiquée sur la durée, les individus rationnels obtiennent des résultats au-dessous de la ligne de base du hasard. Hier soir, je regardais un film de cinémathèque de l’année 1965, Les grandes gueules. Jean-Claude Rolland y interprète le rôle d’un ex-prisonnier joueur et tricheur invétéré. Son amante (Hénia Suchar, mon idéal féminin) l’ayant quitté en raison de ce vice et menaçant de le quitter encore lorsqu’elle s’aperçoit qu’en dépit de ses promesse il s’adonne toujours au jeu, celui-ci brise ses dés à la hache. Un jour plus tard, il meurt.