En marche pour l’ermitage du Saint-Graal, au fond de la vallée. Vaste silence. Les oiseaux sifflent. J’en fais la remarque à Evola. Mon sentiment que les oiseaux désertent la terre. Ce bonheur de les retrouver voletant dans le branchage. Ils n’aperçoivent pas notre présence, ils chantent. Nous trouvons la rivière que les pluies abondantes des dernières heures ont chargée. Nous remontons la berge sans trouver le passage. Des pierres jaunes émergent du flot, des troncs, quelques hauts bancs. Les écarts sont dissuasifs, même les jambes en ciseau, nous risquons la plongée. Nous voici dans les fourrés, la tête baissé, furetant. L’ermitage s’éloigne. Evola propose de soulever un bloc. Nous le jetons au milieu de la rivière. Il s’immobilise sur son côté aigu. Comment se rattraper sur lui? A la fin, Evola propose de se déchausser. Je progresse au ralenti.
-Attention c’est une patinoire d’algues!
Arrivé sur l’autre berge, j’ai des blocs de glace au pied.
De sorte que pour revenir au village, nous sommes convaincus de sauter. Evola fixe longuement les eaux, craignant pour l’appareil photo qu’il porte en bandoulière. Revenu sur la route, nous continuons notre marche. Plus tard, nous gravissons la montagne pour observer la migration des chenilles dont je lui ai parlé la veille.