Fin du monde

Pleine nuit. Au ciel décolle un avion bleu. Il se redresse. A mes côté, un incon­nu tend la main. Comme lui, je remar­que l’aileron. Il perd son aplomb, il se froisse. D’autres pas­sants s’ar­rê­tent et fix­ent l’ap­pareil. Le fuse­lage change de forme. L’avion éclate. Plusieurs avions en phase d’en­vol écla­tent. J’at­trape Gala par la main et je cours. Des morceaux ne vont pas tarder à s’écras­er sur la ville. Quelqu’un s’écrie: c’est fini. Il a rai­son, je viens moi aus­si de com­pren­dre: c’est la fin du monde. Tout au plus peut-on ten­ter de sur­vivre quelques heures. Nous fuyons, à pied, le long d’une route de cam­pagne. “Il nous faut un véhicule!” Gala arrête un taxi. Sor­tie du noir, un femme voilée l’avait hélé avant nous. Gala négo­cie. Le chauf­feur indique sa direc­tion: opposée à la nôtre. Gala prend place. Je la ser­monne: “mais enfin, tu vois bien, nous allons pas là, pas elle, pas cette femme !” Tout de même, nous atteignons les champs. Ils sont bar­belés. Nous ne pour­rons pas cisailler, dis-je, il faut se bless­er. Et fix­ant le ciel obscur, je me demande: com­bi­en de temps dure la fin du monde?