Manolo

Manolo arrive sur sa Harley-David­son. Il l’en­fourche là-bas, au bout de la rue, et la gare ici, à cinquante mètres de l’en­trée de son immeu­ble. Trois clients atten­dent devant le salon de coif­fure. Manolo retire son casque (qui ressem­ble à une casse­role), salue, monte le rideau de fer. Il dénoue son foulard, quitte sa veste de cuir, allume le néon, passe un tabli­er.
- Voyez-vous, hier, je suis allé don­ner mon sang à Mala­ga! 460 grammes en cinq min­utes! Je ne voulais pas le croire, mais le doc­teur l’a bien dit, on se sent plus léger! Vous savez tous que j’habite au cinquième? Que je ne prends jamais l’as­censeur? D’ailleurs, il n’y en a pas. Ces march­es d’escalier, c’est mon sport. Eh bien, depuis que j’ai don­né mon sang, je vois la dif­férence: jamais je ne suis mon­té aus­si vite! Bon, qui est le premier?”