1939–2017

“[] si je me tais, ce n’est point par orgueil; pour un peu je dirais que c’est au con­traire par mod­estie et plutôt encore incer­ti­tude. Je puis être, et je suis sou­vent, d’ac­cord avec le plus grand nom­bre; mais l’ap­pro­ba­tion du plus grand nom­bre ne peut devenir à mes yeux une preuve de vérité. Ma pen­sée n’a pas à emboîter le pas et, si je ne la crois pas plus valeureuse par le seul fait qu’elle dif­fère et se sépare et s’isole, c’est du moins lorsqu’elle dif­fère qu’il me paraît le plus utile de l’ex­primer. Non point que je me com­plaise à cette dif­férence, ayant d’autre part grande peine à me pass­er d’assen­ti­ment, et non point que les pen­sées me parais­sent moins impor­tantes si elles sont très partagées; mais il importe alors moins de les dire.” André Gide, Jour­nal, 1939.