Une fois de plus, un procès m’est intenté. La plainte est le fait d’un homme normal, et j’insiste sur le qualificatif. Peu importe le fond de l’affaire, ce qui m’intéresse, me fascine et me désespère, c’est cette psychologie primitive qui consiste à exiger que les instances rétablissent par le droit et la sanction une norme que l’on juge bafouée. Je m’explique — cet homme dont je parle, celui qui intente le procès, est ce genre de caractère qui a mis en équation liberté et règlements. A ses yeux, il n’existe de liberté que dans les limites définies par les règlements. La liberté n’est pas un concept à réaliser mais une mise en conformité. Que ces règles changent dans le temps n’y fait rien (ce fait qui devrait ramener au concept par la critique demeure lettre morte). Dès lors, toute individu qui par ses agissements illustre une liberté incompatible avec les règles doit être mis en procès. Raisonnement aussi certain qu’effrayant. Dont je m’apprête à faire les frais.