Au cours des dernières vingt années, j’aurais quitté la Suisse pour des raisons diverses. D’abord, après des années de squat en villa, afin d’éviter d’être logé en appartement, ce qui m’a toujours paru la plus grande des misères de notre siècle. Puis afin de distinguer entre le régime du travail et celui du loisir, achetant une maison en France, à soixante kilomètres de Genève. Mais hier, je voyais à l’évidence la raison qui en 2015 m’avait fait quitter Fribourg (et jusqu’ici sans le moindre velléité de retour): dans l’état actuel de notre société, il est impossible d’avoir confiance dans les inconnus avec qui nous sommes tenus de partager notre vie au quotidien. Les Espagnols, plus grégaires que les Suisses, ont gardé le bon sens. Certes, il sont fermés, xénophobes et peu cultivés, mais en tant qu’étranger, j’ai plus confiance dans n’importe quel Espagnol que dans ces gens du monde entier que contiennent nos rues suisses.