Camus, Albert

“Il s’ag­it d’abord de se taire — de sup­primer le pub­lic et de savoir se juger. D’équili­br­er une atten­tive cul­ture du corps avec une atten­tive con­science de vivre. D’a­ban­don­ner toute pré­ten­tion et de s’at­tach­er à un dou­ble tra­vail de libéra­tion — à l’é­gard de l’ar­gent et à l’é­gard de ses pro­pres van­ités et de ses lâchetés. Vivre en règle. Deux ans ne sont pas de trop dans une vie pour réfléchir sur un seul point. Il faut liq­uider tous les états antérieurs et met­tre toute sa force d’abord à ne rien dés­ap­pren­dre, ensuite à patiem­ment appren­dre.
A ce prix-là, il y une chance sur dix d’échap­per  à la plus sor­dide et la plus mis­érable des con­di­tions: celle de l’homme qui tra­vaille.” Car­nets, 1937–1939.