Lycée

En taxi au lycée français, là haut sur la colline, dans la zone rési­den­tielle des Montes de Calderon. C’est le ren­dez-vous de la dernière chance. Trois fois de suite, l’in­scrip­tion d’Ap­lo a été rejetée. J’es­saie de sauver la sit­u­a­tion. Ques­tion de sécu­rité, m’ex­plique la pro­viseur, une femme élé­gante et vive, la loi n’au­torise que trente-deux élèves par classe. Or, pour l’an­née à venir, le compte est bon  En taxi, dis­ais-je, car je veux l’emporter. A défaut, j’au­rai a met­tre Aplo à Lau­sanne dans une école privée. Du résul­tat, je ne doute pas, il sera excel­lent, mais le prix est à la mesure, tail­lé pour les rois saou­di­ens. Et puis j’aimerais bien avoir mon fils avec moi. En taxi, car le lycée est situé au pina­cle de la colline et la chaleur m’eut liqué­fié si je m’é­tais avisé d’y grimper à pied, ce d’au­tant plus que je n’ai trou­vé dans mes armoires à habit ni Bermudes ni short décent, appelant Gala au télé­phone pour savoir si elles sait le par­age de ces habits bien utiles en péri­ode de canicule, à quoi elle répond que j’ai délibéré­ment lais­sé fin juin mes seuls Bermudes dans la mon­tagne, mis­ant sur la paire que mon papa devait me rap­porter de Bangkok, ce qu’il fit, mais à la mau­vaise taille (la faute aux marchands thaï qui mod­i­fient les découpes sans adapter les mesures améri­caines cor­re­spon­dantes, S, M, L, XL). Et donc, l’en­tre­vue ter­minée, je descends de la colline vêtu de mes jeans, de mes chaus­sures de faux cuir à embout métallique et d’une chemise d’homme de cinquante ans, con­statant qu’après tout, il eut été envis­age­able de venir sans l’aide d’un taxi — pré­cisons, comme je pense cela, je suis dans la descente. De fait, dix min­utes plus tard, lorsque le bus me récupère le long de la plage, je ruis­selle comme une douche. Et je me demande si j’ai su con­va­in­cre. S’il était tout bon­nement pos­si­ble de convaincre.