Espagne

Chaleur étouf­fante, mais: qu’on est bien ici! A l’ar­rêt de bus, je bois à même le trot­toir une bière pres­sion servie dans un verre. Arrive le 160. Le chauf­feur est souri­ant, il appelle la plu­part des clients par leur prénom. Nous lon­geons le front de mer. Lorsqu’il aperçoit des jeunes qui se hâtent, il les klax­onne: peut-être veu­lent-ils pren­dre le bus? Au vil­lage, une foule calme, instal­lée sur les ter­rass­es dans la lumière orangée de dix heures. Avant que la nuit ne vienne, j’ai le temps de mon­ter à l’ap­parte­ment. Je sors avec anx­iété sur le bal­con: mon sapin est entier. Le pro­prié­taire lui a don­né de l’eau. Puis je vais manger à la Trastien­da. Le serveur me salue. Il apporte un plat andalou. Avec la voi­sine de table, nous par­lons des meurtres de Barcelone. Elle a rai­son: c’est ce mode de vie, con­fi­ant, hon­nête, sim­ple, pop­u­laire qui est attaqué. Puis elle me présente sa tante, une dame de cent ans. Pen­dant le repas, elle était de dos. Je l’ai vue manger son plat de crevettes à décor­ti­quer, elle a bu une bière. Main­tenant, j’ap­prends son âge. Cette très vieille dame s’en va au bras d’une autre, bien plus jeune, dis­ons dans les qua­tre-vingt-dix ans? Mais la robe de l’aînée fait un mau­vais pli, remonte sur ses jambes. Ma voi­sine se pré­cip­ite, rectifie.