Il raconte quelques épisodes de son voyage de cinq mil kilomètres qui s’achèvera demain à Algéciras où il prend le bateau pour Tangiers. Il a dû apercevoir mes drapeaux, et cherche peut-être à connaître mes opinions, car parmi les anecdotes qu’il raconte, il insiste sur celle-ci: “j’étais à Budapest et je n’avais rien à faire de l’après-midi. J’ai pensé que le mieux serait d’aller voir où se trouvaient les réfugiés. Personne ne me renseignait. Je voulais juste aider. Alors j’ai arrêté un type au hasard dans la rue. “Quoi! s’est-il écrié, mais pourquoi les réfugiés? Vous voulez voir un pauvre? Un Hongrois pauvre?” Ce type était un gitan. Il m’a conduit à la périphérie dans un bâtiment misérable. Sa femme cuisinait deux patates avec de l’oignon, ses enfants dormaient sur un vieux tapis. Je l’ai emmené au supermarché et lui ai dis: “voilà, achetez tout ce que vous voulez!”. Cela m’a coûté 100 Euros, mais après, je me suis senti bien pendant un mois.”