10000 tonnes de métal

Ven­dre­di, je suis retourné avec Mon­a­mi au Lem­my’s bar, ce caveau som­bre adossé au quarti­er des fêtes de Mala­ga dont les habitués ont pour dieu tutélaire le chanteur de Motör­head. Il était vingt-trois heures. Trop tôt pour les Espag­nols. Le serveur buvait dans son coin. Un copain est venu mon­tr­er ses derniers achats de vinyles, des albums de Amon Amarth. A Mon­a­mi, j’ai racon­té com­ment, en 1998, j’ai atter­ri dans ce bar après avoir passé un mois au Maroc sans avaler un verre d’al­cool, puis com­ment Mon­frère, opiniâtre, au terme d’une dizaine de vis­ites, a per­suadé la patronne de lui céder le T‑shirt orig­i­nal à l’ef­figie de Lem­my imprimé pour l’in­au­gu­ra­tion du lieu. Il était sous verre, dans un cadre, au-dessus de la caisse. Jaune, miteux, enfumé. Je racon­te l’anec­dote au serveur. Il finit par com­pren­dre, se verse une bière et  désigne le nou­veau T‑shirt, une exem­plaire noire et rouge. Puis racon­te:
- Seule­ment, je n’ai plus les tailles. L’autre jour, à onze heures le matin, deux mille hard rock­ers descen­dus de la croisière 10000 tonnes de métal ont tra­ver­sé la ville et se sont pointés ici. Ils ont bu  jusqu’au soir. Et ils ont tout raflé. Tu par­les si j’ai été sur­pris quand ils ont poussé la porte, je vom­is­sais les restes de la veille!