Table

Il y a six mois, j’ai acheté une table. En la mon­tant sur le toit, j’ai fail­li me tuer. J’é­tais seul dans l’ap­parte­ment à cette époque. L’escalier à vis est sor­ti de ses gonds, il m’a rabat­tu vers la cours cinq étages plus bas. J’ai répété l’opéra­tion, j’y suis arrivé. J’ai fixé la table. Cinquante kilos de bois brut. Les gens qui vien­dront, pen­sai-je, auront besoin d’une table. Pour moi, je m’y suis assis deux fois. Ven­dre­di, je démé­nage. Les nou­veaux locataires ne veu­lent pas de la table. Si je pou­vais éviter de me tuer en la descen­dant du toit. Et ensuite, où la met­trai-je? Gala  m’ a aver­ti: dans le nou­v­el apparte­ment, ça ne va pas. J’y pen­sais à cause la mai­son, celle que je viens d’a­cheter. J’e­spère qu’elle est là où je crois qu’elle est. Quand irai-je? Je n’en sais rien. Et ain­si de toutes ces choses. Ce qui tend à prou­ver que l’on a trop d’ar­gent et que l’on s’of­fre des problèmes.