Occupé à monter des meubles en poussière de bois. Je me souviens. La première fois que j’ai vu ce type de meubles, c’était chez l’écrivain O.T, à Genève, la veille d’une examen de philosophie. Il m’avait demandé son aide. Nous avons démonté une penderie dans sa chambre à coucher. Je n’en revenais pas: c’était donc ainsi. Des vis de métal blanc dans des écrous de pastique, le tout livrant sa quantité de sciure lors du retrait! La scène se déroule dans les années 1990. A l’époque j’avais toujours vécu chez mes parents, et donc porté des meubles de brocanteur et d’antiquaire d’un poids phénoménal. Plus tard, quand je me suis installé à Gimbrède, j’ai juré qu’il n’entrerait dans la maison ni plastiques ni panneaux d’aggloméré. J’ai tenu. Ces jours, devant la mer, je monte des chaises, un bureau, une table de salle à manger commandés sur internet. Cela prend des heures. Rien que pour la table, vingt pages de manuel. Rien de mieux que cet exercice pour mesurer l’humiliation à laquelle nous condamne la société surindustrielle. Dégoûté, je promettais hier à Gala: “dans la maison d’Agrabue, il n’entrera ni plastique ni aggloméré!”