Ce matin, il y avait sur la plage un type au comportement de vagabond. Grand, solide, bronzé, solitaire. Peu après, je vois le sac à dos. Il était au sol, sur la couverture. Probablement avait-il dormi là. Sur ma terrasse, une tasse de café à la main, je déjeunais. Pour le type, c’était l’heure, que je connais bien, où l’on s’apprête à reprendre la route; on échange le slip de la nuit contre le slip du jour, on se lave au robinet, on s’essuie dans un T‑shirt. Ce qui me rappelait ces plages où j’ai dormi, seul, ou avec Olofso: Rémini en chemin pour la Turquie, Mimizan en venant du pays basque, Cullera lorsque nous y passions des week-ends et qu’il fallait choisir entre payer le train ou boire des bières, Guardamar, où nous déroulions avec Monfrère les sacs à l’abri des dunes. Et souvent, je me tournais vers le immeubles, je voyais des gens sur les terrasses.
Je range mon déjeuner, relève les mails.
La banque espagnole exige mes feuilles de salaires, ma déclaration fiscale, mes justificatifs de fortune. Par retour de courrier, je réponds “il n’en est pas question”. Aussitôt, elle m’annonce que le compte va être fermé. Ce qui veut dire que je n’aurai plus l’eau, plus l’électricité et plus l’internet, ressources que l’on ne vous fournit dans ce pays que sur la foi d’un compte en banque.