Mer

La mer déroule de longues vagues d’eau grise, le ciel est bas. Les per­ro­quets se sont tus. Près de la jetée, le bar de plage reste ouvert. Seule à la ronde, la famille sirote en com­pag­nie de quelques voisins Comme pour les kiosques à bon­bons : les retraités les tien­nent con­tre vents et marées. Les enfants sont à l’é­cole, les par­ents évi­tent la plage? Ils se calfeu­trent, ils atten­dent. Nous allons dans notre restau­rant préféré. Pour a pre­mière fois depuis mars dernier, nous man­geons en salle. Le patron est con­tent de nous voir. Mais peut-être est-ce seule­ment des clients qu’il retrou­ve. Je désigne l’îlot de sécu­rité de la route côtière: maçon­né de frais, chargé de ter­reau, à ras. Où sont les cac­tus? Car de ma table, j’ad­mi­rais des spéci­mens de deux mètres, ban­dits man­chots dignes de la Mon­u­ment Val­ley. Il ne sait pas. Au fond, je suis con­tre les change­ments. La con­fis­ca­tion des choses, la fonc­tion, le pas­sage effi­cace des voitures, le pas­sage accéléré du temps. La soupe de pois chich­es et de chori­zo me récon­forte. Ce fond de cul­ture authen­tique: manger pour manger plutôt que pour repren­dre le tra­vail. Nous revenons dans l’ap­parte­ment pour dormir, regarder des films, chercher des répons­es. A dix-huit heures, je prends la route, je vais à l’en­traîne­ment. Une par­tie des habitués à renon­cé au cours. Con­di­tions extrêmes, m’ex­pliquent les plus assidus — il fait douze degrés. L’as­sis­tant retire une veste, une deux­ième veste, un et deux pulls. Plus tard, je ren­tre par le port. Sur les ter­rass­es, quelques buveurs en bon­net. Face à la mer, incré­d­ules, ils attendent.