Ecoute

Avec un peu d’ex­péri­ence, il est facile de ne pas écouter l’in­ter­locu­teur tout en le lais­sant croire qu’on l’en­tend. Et cela, même dans une langue étrangère. Maîtris­er le rythme de la parole et sup­put­er le sens des paus­es y suf­fit. Dans cet art, Mon­père était passé maître. Il était diplo­mate. L’une des sagess­es du méti­er est de savoir écouter. La per­ver­sion de cette sagesse est de pré­ten­dre le faire. Mon­père n’é­coutait pas. Par des signes de tête, un mot par­fois ou une brève réplique, il témoignait de son atten­tion. Et au cas où l’autre décou­vrait sa duplic­ité, qu’im­porte? La dis­cus­sion finie, cet inter­locu­teur s’é­clipserait pour ne jamais reparaître. Mais à la fin, c’est l’al­lé­gorie de l’ar­roseur arrosé. Sous le coup de l’habi­tude, Mon­père éprou­vait de la dif­fi­culté à écouter l’autre, qu’il lui soit proche ou indifférent.