Maison

De bon matin à l’aéro­port pour accueil­lir les enfants. Je les attends à l’ex­térieur. Ils sor­tent les pre­miers de la halle des bagages. Je fais signe. Ils ne me voient pas. Ils bifurquent devant la bou­tique  de clubs de golf. Je fais signe. Il n’y a que moi sur l’e­s­planade; ils ne me voient pas. Ils passent les portes coulis­santes. Je fais encore signe. Ils entrent dans le sas, en ressor­tent. Alors, ils se pré­cip­i­tent dans mes bras. La voiture est garée à un kilo­mètre. Un kilo­mètre mar­bré et vit­ré. Une passerelle d’un kilo­mètre. Nous quit­tons les car­refours qui mènent à Fuen­giro­la et Mala­ga, nous tra­ver­sons une zone indus­trielle, j’a­ban­donne la voiture sur le bord d’un chemin. Au café, nous  com­man­dons du café et du choco­lat chaud. Tout en prenant des nou­velles de la Suisse, j’ob­serve un homme qui me tourne le dos. Physique épais, cinquante ans. Ouvri­er, camion­neur, que sais-je? Un détail cloche: il porte des bas­kets de triathlon d’un prix élevé. Il se retourne.
- Vous arrivez de Genève?
- Non, j’habite ici.
- Moi aus­si.
Il me dit où il habite. Je m’é­tonne. Un vil­lage voisin du mien. Alors il déclare qu’il arrive de Suisse. Et qu’il louerait bien sa mai­son. Quand il quitte le café, quelque min­utes plus tard, nous sommes con­venus de faire une vis­ite de la mai­son après qu’il l’au­ra vidée de ses meubles.
- Tu le con­nais? demande Luv.
- Non.
- Étrange.
- Oui. Surtout ses baskets.