L’an dernier, je suis convoqué au tribunal de bon matin. La salle en sous-sol est peu éclairée, petite et grise. Les pupitres évoquent la classe d’école. Il sont courts. Je prends place mais ne sais que faire de mes jambes. Sous le plateau, elles m’obligent à prendre la forme du banc et me donnent un air intimidé. Pour gagner quelques centimètres, je place mes genoux contre le bord du pupitre. Entre le juge et sa suite: un boutonneux premier de volée et une greffière. Le juge s’installe sur l’estrade (un socle rehausse son bureau). Dans son dos, j’ai le plaisir de voir par la fenêtre des vaches fribourgeoises qui paissent un coteau. Le regard rentré, le juge manipule un dossier. Lorsqu’il a fini, il toise les personne présentes dans la salle, et, avant de saluer, à mon intention:
- Tenez-vous bien!
Comme dit l’autre: Mais qui sont ces gens? Pour qui se prennent-ils?