Il régnait hier dans la ville ancienne d’ Edimbourg, près du château, la même ambiance de folie collective que dessine E.P. Jacobs dans les premières planches de l’album de Blake et Mortimer, S.O.S. Météores: un carnaval d’individus épileptiques. Filant dans des directions improbables, à toutes vitesses, il y avait là : un japonais de six ans jouant du violon en kilt, un vieillard à cheveux longs enveloppé dans un manteau de laine qui avançait à la façon d’un zombie et saluait la foule, un mère écossaise aux cheveux verts, grosse comme un bombonne et adolescente, elle poussait son landau, des ouvriers au cou, bras et jambes tatoués éclusant du Whisky, des familles cinghalaise en parures flottantes entourées d’une progéniture nombreuse et noire comme le charbon, des Africains body-buildés, des lesbiennes à la mode nazie (et ferrées), un nain chinois mongoloïde monté sur une machine à télécommande, un groupe de Français en maillots jaunes uniformes porteurs du Guide Michelin, des Andins au gabarit d’amphore (de la taille d’un jéroboam, le fils porte l’oreillette, une antenne est fixée sur son crâne), des Finlandais qui parlent fort, de jeunes gothiques hauts sur talons, maquillés et enchaînés… L’énumération est sans limite. Or, voilà que nous nous arrêtons devant un passage clouté. De chaque côté de la route, la foule grossit. Un énergumène habillé d’un justaucorps de latex pissenlit traverse, se poste sur l’îlot de sécurité, lève les bras. Face à lui, cent personnes entament une danse (je reconnais la chorégraphie de Travolta sur Stayin’ Alive des Bee Gees dans Saturday Night Fever). Ces gens portent des écouteurs sur la tête. Le feu passe au vert: ils avancent sur un rang et dansent.
Nous nous réfugions au musée d’Art et d’Histoire. Au département géologie, nous admirons une pierre de 450 millions d’années.