La littérature ne devrait jamais s’occuper de l’actualité. C’est le sens des Considérations inactuelles de Nietzsche. Mais il y a pire que l’actualité, il y a la politique. Dans ce domaine, les Américains du Sud remportent le palme: ils engagent leur littérature. Atavisme historique, j’imagine: la cruauté des Espagnols ayant fait table-rase du passé, tout acte de création devient nécessairement politique. A l’école déjà, je me méfiais d’un Pablo Neruda. Les équivalents français ne manquent pas. Il n’en reste pas moins: la tentation de se mêler de l’actualité est le signe d’un monde en crise. Imitons Gide: en voyage en Afrique pendant que la Whermacht occupait la France, il apprenait l’Allemand en pratiquant Goethe.