Légère accalmie en matinée. Hier, il a fallu tirer le mobilier de jardin à l’intérieur et manger au salon: une longue averse bouleversait la petite forêt. L’appartement loué ayant toutes les vertus du logement étudiant, nous passons le plus clair du temps dans la lumière électrique. Quand j’ai fini d’écrire, j’enfourche le vélo et je fais le tour de la ville par l’extérieur. Sur les hauteurs de l’Isar, dans la quartier Berg Am Laim, une série de ruelles aux noms alpestres et un supermarché asiatique où je fais provision de curry vert, rouge et jaune, de soja et de condiments pour le Pad Thai. A l’entrée d’un centre commercial, un géant Turc demande à fouiller mon sac à dos. Je l’ouvre. Il hasarde un coup d’œil et me remercie alors que j’ai en poche une arme de poing et un couteau. Plus tard, je me penche au-dessus du pont Wittelsbacher. Des nageurs crawlent à contre-courant, quelques pique-niqueurs sont assemblés sur le grève caillouteuse, mais ce n’est pas la foule d’août dernier, quand des milliers de personnes s’ébattaient dans le soleil (et que le rendez-vous punks du centre-ville se tenait dans le passage sous-voie de la Erhardtstrasse). Puis vient la sieste, cette nouvelle religion. Avant de sombre dans le sommeil je fais provision de titres pour les futurs romans policiers. Le principe consiste à marier une référence à la cuisine espagnole avec une référence au crime. Cela donne: Loup de mer à l’étouffée, panier de crabes andalou, piston de grosses légumes…