Aéroport du sud

Les portes coulis­santes du hall des arrivées s’ou­vrent par inter­mit­tence. De l’ex­térieur, j’aperçois les chauf­feurs, les guides, les loueurs espag­nols qui atten­dent leurs clients une pan­car­te à la main. Tout en guet­tant, ils bavar­dent et plaisan­tent. Ils ont des physique de la région, teint hâlé, cheveux de jais et font leur âge: épaules car­rées et mèch­es au gel pour les jeunes, embon­point et calvi­tie pour les pères de famille. Les voyageurs sur­gis­sent en fonc­tion de la prove­nance des avions, ils sont hol­landais, anglais et sué­dois. La péri­ode n’é­tant pas aux vacances, il s’ag­it de retraités ou de jeunes, la plu­part en groupes ou en voy­ages organ­isés. J’at­tends devant ces portes pen­dant une demi-heure. J’ob­serve les expres­sions, l’al­lure, le désem­pare­ment, la ner­vosité, mais surtout le bon­heur de se trou­ver là dans la lumière et dans la chaleur comme si le Nord était d’abord un lieu de tra­vail et de pri­va­tion. Puis quelque chose me frappe qui n’ex­iste pas en Espagne: la ten­ta­tive d’échap­per à la vieil­lesse. Les femmes sont refaites, et les hommes. Quand ce n’est pas la chirurgie, c’est le sport en salle ou le vête­ment raje­u­nis­sant: mères habil­lées comme leur filles, pères qui por­tent des cos­tumes de lou­veteaux ou de foot­balleur. Une angoisse dif­fuse règne jusque dans leur joie qui est incon­nue des Espag­nols qui les accom­pa­g­nent le pan­neau ser­ré sous le bras.